Description des champignons

2.1 – Le chapeau

Nous entendons par "chapeau", la partie supérieure de celui-ci, en excluant la partie inférieure, où se trouve le plus souvent l’hyménophore.

2.1.1 – Examen visuel

2.1.1.1 – Taille : mesurez le diamètre projeté du chapeau (c'est-à-dire le diamètre que vous voyez en regardant le chapeau du dessus). Ne jonglez pas avec les unités : choisissez les cm ou les mm et utilisez-les pour faire toutes vos mesures.

2.1.1.2 – Forme

* Regardez le chapeau par le dessus et notez si son contour est circulaire et bien régulier, ou s'il est irrégulier et tourmenté.
* Regardez-le par le côté et notez s'il est plat, bombé, conique, tronqué, ovoïde, sphérique, etc.

* Notez s'il présente un mamelon central ou au contraire une dépression.
* Notez l’épaisseur de la marge, et son orientation (ascendante, retournée, enroulée, etc.).

2.1.1.3 – Aspect : vous paraît-il visqueux, sec, feutré, mat, brillant, soyeux, bosselé, fissuré, etc. ?

2.1.1.4 – Couleur

* Il est rare que la surface du chapeau soit d'une couleur uniforme : notez la répartition des différentes teintes sur le chapeau, du centre vers la périphérie, et n'hésitez pas à employer les comparaisons qui vous semblent utiles, même si elles paraissent extravagantes. La description d’une couleur est très difficile et très subjective : deux personnes ne percevront pas forcément la même nuance, et leurs définitions des couleurs ne sont pas forcément les mêmes.
* N'oubliez pas de décrire la couleur de la marge du chapeau. Notez également, si vous en avez la possibilité, les changements de couleurs du chapeau en fonction de l'humidité de la surface (un chapeau dont la couleur change avec une humidité élevée est dit hygrophane, celui dont la couleur ne change pas est dit non hygrophane).

2.1.1.5 – Eléments surajoutés : notez la présence de petites verrues, de fibrilles, de pruine, de mèches, etc. ainsi que leur répartition et leur couleur.

2.1.2 – Examen tactile

* Le chapeau est-il visqueux, gluant, ou au contraire sec, velouté, écailleux, etc. ?
* Notez tout changement d'aspect et plus particulièrement de couleur du chapeau dû à la pression des doigts, et surtout au frottement de la surface avec l'ongle (dans ces conditions, certains champignons peuvent rougir, bleuir, noircir, jaunir, etc.).

2.2 – L'hyménophore

L’hyménophore est la surface fertile se trouvant à la face inférieure du chapeau. L’examen de l’hyménophore est assez long mais indispensable. Vous devrez tout d’abord déterminer quel type d’hyménophore possède le champignon : lames, tubes ou aiguillons.

2.2.1 – L'hyménophore est constitué de lames

2.2.1.1 – Examen visuel

2.2.1.1.1 – Forme

* Notez quel est le mode d'insertion des lames sur le stipe :
o Descendent-elles plus ou moins longuement sur le stipe (on dit alors qu’elles sont décurrentes) ?
o Sont-elles libres (c’est-à-dire qu’elles ne touchent pas le stipe) ?
o Sont-elles adnées (c’est-à-dire qu’elles touchent le stipe) ?
o Sont-elles échancrées (elles touchent le stipe, mais après avoir formé une petite dépression) ?

* Notez également leur aspect à l’approche de la marge du chapeau.
* Observez ensuite les lames individuellement :
o Ont-elles une taille identique (en hauteur comme en longueur) ?
o Sont-elles serrées ou au contraire espacées ?
o Sont-elles épaisses ou minces ?
o Sont-elles globalement droites, sinueuses, arquées ?
o L’arête est-elle régulière ou très découpée, denticulée ?
o Etc.

2.2.1.1.2 – Couleur

* Etablissez quelle est la couleur globale des lames. Attention : il arrive fréquemment que la maturation des spores provoque un changement de couleur des lames (bien connu chez les Cortinaires) et/ou l'apparition d’une hétérogénéité de la couleur (en particulier chez les Panéoles). Observez toujours des exemplaires de tous âges et, le cas échéant, notez la répartition des différentes couleurs sur la lame.
* Tenez le champignon par le stipe et faites-le tourner sur lui-même (faites-le "rayonner") tout en observant les lames en pleine lumière : il arrive ainsi que certaines lames révèlent un reflet différent de leur couleur globale.
* N’oubliez pas de noter la présence éventuelle de taches, ainsi que la couleur de l’arête, qui peut varier de celle des faces des lames, et qui peut être très importante pour la détermination de certaines espèces. Observez l’arête d’une lame en enfilade en partant de la marge : vous amplifierez ainsi la couleur d’un éventuel liseré. Pour les petites espèces, il est également possible d’amplifier la couleur d’un liseré en pliant le chapeau et en faisant se toucher plusieurs lames.

2.2.1.1.3 – Eléments surajoutés

* Y a-t-il des bifurcations sur les lames ?
* Y a-t-il de petites lames (lamelles et lamellules) intercalées entre les grandes ?
* Y a-t-il des veines joignant les lames au fond des sinus inter-lamellaires ?
* Les lames exsudent-elles spontanément de petites gouttelettes (en particulier par temps humide) et, le cas échéant, quelle est la couleur de ces gouttelettes (y compris lorsqu'elles ont séché) ?

2.2.1.2 – Examen tactile

* Notez la sensation que vous procure le passage de la pulpe du pouce sur les lames :
o Sont-elles sèches, humides, gluantes, collantes, etc. ?
o Certaines espèces possèdent des lames si fragiles qu’elles cassent au moindre contact. Parfois les lames plient sous le doigt sans casser (elles sont dites lardacées) ou font penser à de la cire (elles sont dites céracées).
* Il arrive que la cassure des lames ou le simple fait de les toucher provoque un changement de couleur.
* Il arrive également que la cassure des lames provoque l’exsudation d’un liquide (latex) de couleur variable suivant l'espèce, et parfois également suivant le temps d’exposition à l’air.
* Notez s'il est facile de séparer les lames de la chair du chapeau : chez certaines espèces, les lames se détachent d’un coup d’ongle et partent en bloc.

2.2.2 – L'hyménophore est constitué de tubes

2.2.2.1 – Examen visuel

2.2.2.1.1 – Forme

* Notez quel est l’aspect des tubes près du stipe et près de la marge du chapeau.
* Les tubes, comme les lames, peuvent s’insérer différemment au niveau du stipe et au niveau de la marge suivant les espèces.
o Les tubes descendent-ils sur le stipe (tubes décurrents) ?
o Y a-t-il au contraire un espace entre les tubes et le stipe (tubes échancrés) ?
o Etc.
* Les pores peuvent être de divers calibres (minuscules ou très gros), de diverses formes (il en existe des ronds, des ovales, des hexagonaux, etc.), et de diverses densités (ils sont parfois très serrés et parfois séparés par de plus ou moins larges espaces de chair).

2.2.2.1.2 – Couleur

* La couleur des pores varie suivant l’espèce et l’âge du champignon récolté (les tubes blancs du jeune Cèpe de Bordeaux deviennent verts en vieillissant).
* La couleur des tubes ne sera observable qu’après coupure de ceux-ci dans un plan parallèle à leur orientation globale.

2.2.2.2 – Examen tactile

* En touchant les tubes, vous pourrez sentir s’ils sont secs, cireux, collants, gluants, gorgés d’eau, etc.
* Vérifiez si les tubes sont soudés (comme une éponge) ou individuels (comme une brosse).
* Vérifiez si les tubes se séparent facilement de la chair du chapeau (ce caractère est plus facile à observer si l’on réalise une coupe radiale du chapeau) : les tubes des Bolets se détachent très facilement de la chair du chapeau, alors que ceux des Polypores, qui sont un prolongement de la chair, et ne s’en détachent pas sans dommages. Notez la présence éventuelle d’un liseré de couleur à la jonction entre les tubes et la chair du chapeau.
* Vous ne pourrez noter la couleur des tubes qu’après les avoir coupés dans le sens de la hauteur.
* Les tubes peuvent changer de couleur au contact de l’air.
* Notez également tous les changements de couleur des pores survenant après que vous les avez touchés.
* Parfois les tubes exsudent un liquide de couleur variable, souvent collant. Relevez tous ses caractères.

2.2.3 – L'hyménophore est constitué d'aiguillons

2.2.3.1 – Examen visuel

2.2.3.1.1 – Taille : notez la taille des aiguillons, ainsi que leur densité (sont-ils serrés ou très écartés ?).

2.2.3.1.2 – Forme

* Relevez l’implantation des aiguillons : sont-ils décurrents, libres, etc. ?
* Relevez également la forme des aiguillons. Ils peuvent être déchiquetés, réguliers, etc.

2.2.3.1.3 – Couleur : notez la couleur globale des aiguillons, et celle des zones de couleurs différentes le cas échéant.

2.2.3.2 – Examen tactile

* Notez ce qui se passe lorsque vous appuyez sur les aiguillons : en général, ils cassent car ils sont très fragiles, mais il peut arriver qu’ils résistent.
* Notez si leur couleur change après manipulation.