avion
Un avion s'écrase dans le désert. Un seul survivant, miraculeusement indemne, un violoniste, qui se retrouve, en queue-de-pie, son violon à la main. Autour de lui, la grande solitude... Il marche vers un secours éventuel Au bout d'une heure, il se trouve face à dix lions.
— Mourir pour mourir, se dit-il, autant mourir en musique.
Et, sortant son violon de l'écran, il se met à jouer un concerto de Mozart. Miracle : les lions, au lieu de se précipiter sur lui pour le dévorer, forment un cercle et récoutent avec un plaisir visible.
— C'est beau la musique, tout de même, dit l'un d'eux.
— N'est-ce pas, renchérit un autre. Et ce Mozart, quel génie c'était!
Oui, les lions mélomanes sont heureux. Le violoniste continue déjouer, transporté par son art; un véritable concert. Les derniers accords du concerto vont bientôt retentir quand, arrivant de loin, un autre lion s'approche du musicien et le dévore en trois coups de dents, violon compris.
— T'exagères, lui disent alors les autres lions. De la musique comme il en faisait, on n'en entend pas souvent. T'aurais pas dû le manger. Faut pas penser qu'à son ventre, l'esprit, ça compte aussi. On aurait voulu le garder pour qu'il joue, tous les jours, pour nous. Ah oui, t'exagères; il jouait bien...
C'est alors que le lion dévoreur tend l'oreille et demande :
— Quoi? Qu'est-ce que vous dites?